Le gardien du ruisseau (extrait)

Publié le par Ailleurs, la caravane des mots

RENE

 

C’est le fusil de l’oncle … Y l’avait toujours avec lui pendant la guerre, sauf le jour où il est mort, en avril quarante cinq quand j’avais sept ans. Il est resté là, dans la cuisine, à côté du placard des conserves. La mamette elle a pleuré, le père aussi … Moi, je savais pas … On a pas eu école parce que c’était lui l’instituteur du village. Après la guerre on a rangé ses affaires au grenier. C’est là que j’ai trouvé le fusil dans une caisse. Il était sous des draps. Dans une boite à chaussures y avait les balles. Ça te dégomme un homme à cent mètres qui disait mon oncle. Y disait aussi que la guerre c’est un combat de chefs tordus qui veulent la terre de l’autre pour mieux planter leur drapeau. Lui il savait car il était instruit … C’est beau des fois de savoir, on est considéré.

Publié dans Théâtre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article